Base jump à Chamonix

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Maroc 2004

Le Maroc est une destination privilégiée des grimpeurs
l’hiver, notamment le massif du Todra. En revanche,
peu d’entre eux connaissent les itinéraires gazeux
et terrains d’aventure des gorges de Taghia.
Sur ces falaises rouges, situées entre 1800m et 2900m
d’altitude, il n’est pas rare de trouver de larges vires
neigeuses entretenues par des précipitations régulières
jusqu’au mois de mai. Le sol est caillouteux à 90%.
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Un saut capital...

31 décembre 21h
Un nouvel an pas
comme les autres...


Maroc 2004
Ouverture de spots au
Maroc par Mika et Nico

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Photo de fond :
Sean
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Seul le fond des vallées retient un peu la terre. Les maigres cultures d’orge verdoyantes
au bord desquelles se bâtissent des maisons de terre sechée, laissent difficilement croire
que la vie est possible ici. Malgré une faible densité humaine, et contrairement à ce que l’on
pourrait croire, la « surpopulation » pose déjà problème : chaque lopin est exploité. Il n’y a
d’ailleurs presque plus de bois dans les montagnes. Les maisons n’étant pas chauffées,
même à –10°C en hiver, on ne peut difficilement parler d’abus ! Malgré cela, quand un groupe
d’étrangers vient à passer dans le petit village, comme nous, des souches de genévriers
centenaires sont brûlées dans le petit Haman. Quelle hospitalité !

Cliquez sur les photos pour les agrandir, lorsqu'elles sont signalées comme suit : >>>>>

Parmis les grimpeurs enthousiastes de ce pays, Philippe
l’Auvergnat vient 2 à 3 fois par an. Je me rappelle
bien lorsqu’il me montrait les photos. « Le rocher fait 700m
par endroits, les voies sont difficiles, et je ne pourrais pas
dire si ça saute, mais c’est raide en tout cas… ».
Confirmation d’un autre ami grimpeur qui m’explique en détail
les topos d’escalade. Les photos sont toutes prises de face.
Difficile de se faire une idée de la raideur et de ce qu’il y a
au pied. Il faut donc aller voir ! Nous partons avec Nico en
équipe réduite (2 personnes !). Au moins si ça ne saute pas,
nous n’aurons de compte à rendre qu’à nous mêmes !
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Marrakech 18h. On a bien changé 3 fois d’avion, et nos bagages suivent, « théoriquement ». Je regarde
anxieusement, le tapis tourner. Pourquoi le sac rouge ne vient-il pas ? « Parcequ’il s’est perdu dans
un aéroport », on nous dit… Cruelle déception! 150m de corde, la trousse à spit, les baudriers, le marteau,
les sangles…De quoi équiper presque n’importe quel exit récalcitrant … Nos vacances tombent à l’eau dès
le 1er jour ! Je suis triste. À l’aéroport, ils servent des bières… Alors, je m’en prends deux directement.
Plutôt que se laisser aller, Nico lui, sort de ses poches d’épaisses tranches de jambon et rogne.
Notre guide Marocain hallucine : « Bières ! ? Khallouf ! ? ». Ces maudits Français ne respectent
rien ! Après 6h d’attente, le sac rouge est retrouvé. Bénédiction !

Quelques heures de taxi et de 4*4 plus tard, nous permettent de nous alléger d’une partie de nos billets.
Le guide, les chauffeurs sont très contents, et se répartissent les dirhams allègrement. On y comprend
rien… mais peu importe. Nous faisons le reste à pied, et nos bagages à dos de mule. Il n’y a pas
de pistes qui montent à Taghia.

Notre objectif de l’après-midi est de taper des rappels depuis la crête sommitale de la « Queue du Vautour ».
Des Espagnols ont ouvert en 1997 une voie de 700m en 7b/A3 dans une zone surplombante, mais à notre
surprise et vu du pied, ça n’a pas l‘air si déversant que ça… Quelques heures de marche nous font prendre
conscience de la précarité des chemins : les passages sont raides, parfois déversants, aménagés
de branches coincées dans des fissures sur lesquelles reposent de grosses pierres plates. On se
croirait dans « Himalaya », lorsque le Yak tombe dans le ravin… Quant à moi je suis bien content
d’être grimpeur… Et quand je peux, je ne manque pas de dramatiser la situation,
ça fait encore plus râler Nico!
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Après l’épique traversée du canyon, nous remontons des gradins rouges sur presque 1200m de dénivelée
et nous prenons pied sur la crête. Du sommet, le pilier se voit facilement. Je tire 50m de rappel sur la
corde statique. Le descendeur stop spéléo tout neuf est vraiment bien pour équiper. Avec de la 9mm,
je fractionne régulièrement pour éviter les frottements, car il faudra remonter, nous n’avons pas pris
les parachutes pour le repérage. Le terrain présente beaucoup de becquets et d’arbustes autour desquels
je mets mes sangles. Arrivé à l’exit, nous lançons des pierres. Elles tapent toutes sur un gros ventre à 5s.
Elles le frôlent avec 10m de projection. Avec un départ en courant ce serait bien, mais le terrain est
peu propice, le sommet du pilier étant constitué de blocs instables.
Je regarde l’ensemble de la face. L’aspect général est bien trop positif, hormis les 300 derniers mètres à droite,
qui plongent dans un canyon étroit. La voie Espagnole sans doute. C’est trompeur ce rocher orange partout.
Le calcaire en Europe n’est pas pareil…L’orange indique généralement du dévers… Décevant aussi l’Oujdad
vu de profil : il n’y aurait apparament que 200m de vertical dans cette face de 600m… L’escalade y est paraît-il
splendide. Nous attaquons la descente par le passage du Tire-bouchon, presque à la nuit. A côté de cette
via-ferrata berbère, la paroi de la cascade, lisse et bien orange, a l’air sautable. Nous verrons demain.
De retour au gîte de Said, le hamam de bienvenue nous attend, ainsi que des frites
et du Tajin « bio » délicieux.

Le lendemain nous partons au lever du soleil, nous voulons avoir le temps de faire les repérages
en évitant les thermiques et la brise de vallée. Nous prenons également nos parachutes et 20m de sangle.
L’exit de la cascade n’est pas dur à trouver, il suffit d’aller au sommet de la colline et de se pencher.
Les pierres tapent agréablement à 8 secondes dans le pierrier en contrebas.
Enfin un bon dévers ! Ca va sauter! On est tout contents et bien fébriles. Je saute en premier : 2 pas, et le mur défile, ça fait plaisir ! Un petit bombé revient à la fin. Je choisis de tirer juste après, à 5s. Le 38 tire bien, mais je prends un 90° et une grosse abattée à l’ouverture. Parfois c’est bien de pas être trop bas ! Nico saute après, nickel. 700m de déniv sous voile nous amènent au village où nous survolons les maisons.
Des cohortes d’enfants courent à notre rencontre en dévalant les collines, les gens sortent
de leurs maisons, l’air un peu étonnés : « Palachoute ? Palachoute ? ». La nouvelle se répand
vite dans le village. Au gîte, c’est un défilé permanent : instituteur, paysans, muletiers…
tous veulent savoir ce qui se passe.

Nous aurons l’occasion de sauter 3 fois de la cascade. Les enfants nous attendront
systématiquement au bord de la rivière, à tel point qu’il est parfois difficile de se
poser ! Ils sont rigolos, j’ai jamais vu une telle coordination. Ils bondissent de pierres
en pierres instinctivement au milieu du torrent. Nous on est vraiment
nuls ! Leur instit parle bien Français. Il leur a demandé d’emmener leur livre
pour communiquer avec nous. Mais ça va mieux simplement avec des gestes !

Les jours suivants, le Taoujdad et le Tadrarte s’avèrent peu engageants.
Dommage pour ce dernier, mais ce serait un coup à taper le mur d’en face en dérive…
La moindre orientation à l’ouverture laisserait peu de temps, ça n’en vaut pas la peine.
Nous avions repéré sur la piste qui mène à Zaouiat, une barre rocheuse au sommet
d’une colline. Au moins 350m, sûr, un surplomb énorme !
Nous dormons le soir chez l’habitant, dans une pièce sombre
recouverte de tapis. Sympa, le chef de famille nous fait le thé
à la menthe sur des charbons ardents. Il est vachement fier…
La seule chose qui nous gêne un peu, c’est l’épaisse couche
de poussière déposée sur les tapis. Ça a pas été aéré depuis 50ans,
c’est sûr! On bouge donc le moins possible pour ne rien remuer.
Nico s’isole même sur sa bâche de pliage… A un moment donné,
on était tous dans nos duvets prêts à dormir, et je pense que le chef
de famille a voulu se préparer son lit bien à plat.
C’est tout naturellement qu’il prit un tapis et le secoua énergiquement
au travers de la pièce ! Dommage… Il neigeait de la poussière ! ! !
Au chant du coq, on a des croûtes plein les narines (…).
Enfin bon, nous avions dit que nous nous débrouillerions pour déjeuner,
mais au lever tout était prêt sur la table. Ils ont dû se lever à 4h du mat
pour faire le pain, incroyable cette hospitalité, quand même…

Pour le surplomb de Tifwina, la marche d’approche se résume en un bon
« tout droit dans la pente », juste sous la falaise. Phénomène curieux,
plus on s’approche, plus elle paraît petite. Vue du pied elle semble faire
150m ! On pense déjà à chercher des coins d’herbe pour descendre
le glisseur. Sans pinces et avec la Fox en ZP, ça va être sportif !
Un immense plateau rouge nous attend au sommet. A perte de vue,
aucune végétation. L’angle de la falaise est bien marqué. En bordure
du plateau, des dalles bien plates invitent à un éventuel départ au sprint.
D’autant que les pierres tapent à 7,2s. Nous sommes contents, nous ne
replierons pas. Tout est superbe, le désert rouge au sommet, la falaise,
la vue... Le seul gros stress de la journée, c’est après avoir jeté
la première pierre : Des bergers étaient paisiblement
assis au pied... Sans que nous ayons pu les voir. Au Maroc, il y a des gens
partout. Dans les arbres et sous les arbres, qui ramassent du bois,
qui promènent les chèvres… même dans les coins les plus perdus…
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Le saut est chouette, cela fait très exotique dans cet endroit, on se croirait
en Australie. Nous survolons quelques maisons perdues dans la vallée
et pensons à notre guide, qui va se taper les 1000m de descente à pied. Dur !

Au fait, aujourd’hui j’ai appris pourquoi Nico court aussi fort que Ben Johnson
à l’exit. S’il veut être loin, c’est qu’il se prend des 180°-Twists à l’ouverture…

Cap vers la Cathédrale ! Ce Monolithe de presque 600m a été nommé comme
cela il y a longtemps par les Français. Il faut dire que cela ne ressemble
à rien d’autre. Le rocher orange est une sorte de pudding Riglossien
sculpté par l’eau. Assez irrégulier dans la raideur. Il y a des dentelles partout,
des vires érodées, des méduses. La flèche doit faire 250m de haut, assez raide,
et le corps 300m, positif en apparence.

Nous décidons de partir le 1er jour avec le matériel d’équipement seulement.
Nous n’y croyons guère, car même en regardant les photos sous tous les angles,
cela ne semble pas assez raide. L’approche est courte (1h30). Le chemin, aérien,
passe de vire en vire sur un versant, puis sur l’autre, pour se terminer par une petite
chattière et un pas d’opposition dans une diaclase. Le sommet ressemble à une
grosse carapace de tortue. Sympa. Plus on s’approche, plus ça sent le vide, mais
on n’ose y croire. Rappel sur une vire, puis sur une 2ème en contrebas : c’est raide !
Les premières pierres jetées disparaissent derrière un petit bombé et tapent à 8s.
Plus qu’il n’en faut ! J’essaye de lancer en éventail, et à différentes distances,
mais les rafales de vent m’empêchent de bien entendre. Je n’ai confirmation du saut
que dans un axe. Je prends donc bien le repère. Demain, il faudra pousser fort pour
éviter les mauvaises surprises. Nico choisit un départ en courant 5m
au-dessus de la vire supérieure. Nous ne sommes pas d’accord là-dessus et
on braille ! C’est à qui veut avoir raison. Son exit lui fait perdre un peu de distance
en longueur, mais il est plus propice à la course.
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Le soir tombe, je cherche d’autres exits le long de la vire. Je n’ai pas envie d’avoir à remonter tout le matériel un autre jour. À 50m, je trouve un autre départ. La pierre tape à 9 secondes avec visuel cette fois-ci. Cool cet exit N°2, un vrai plongeoir sur 10m!
Le lendemain on est prêt sur l’exit N°1. Nico part en courant de son exit, moi du mien 5m en contrebas. C’est convenu, comme on ne se voit pas, à « BASE » on saute en même temps. Je suis un peu anxieux par ce manque de visu au départ… Je fais 4 pas en arrière et revérifie une dernière fois l’axe. 3,2,1, BASE ! Je pousse de toutes mes forces. Tout de suite je regarde en bas. Le caillou est près. De fines draperies reviennent à gauche et à droite. Je suis dans une grosse rigole. Un becquet rocheux arrive vers moi à 4s. C’est sur celui-ci que les pierres tapaient quand je les lançais hier, à ras du caillou. C’est l’angoisse mais ça passe. Dessous tout se dégage dans un gros toit : c’est le « nid d’aigle », bien connu des habitants de la région. Un couple de rapaces y niche chaque année. A 5-6s, la dérive est efficace, une rampe oblique monte, mais s’efface vite en dérive. Quel soulagement ! Je tire et je constate avec satisfaction que Nico est là. Il était derrière moi pendant toute la chute l’animal ! Sa vidéo embarquée me montre presque « loin » du caillou par rapport à lui. Euh, finalement l’exit N°1 est bien, mais on va aller voir le N°2 !

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Les jours suivants se déroulent sur l’exit N°2, très serein. On a la chance de faire presque 2 sauts par jours pendant 4 jours. La face est orientée NE, l’idéal. On apprécie la hauteur et le visuel.. Le tenant du gîte apprécie beaucoup ce type de séjour « sportif ». Le parapente, l’escalade, le canoé sont bien pratiqués dans le coin… ainsi que le BASE… une fois déjà : des Russes sont venus l’an dernier en février, la Cathédrale a été ouverte en aile ! Argh !…
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Supers vacances quand même,
on reviendra avec les copains,
le caillou
est tellement merveilleux,
et puis,
j’ai hâte de remanger du Tajin !

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